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conduisent pas à voir plus loin là-dessus que le bout de son nez. Il était si complètement et si exclusivement musicien, que c’est par lui que nous pouvons comprendre aussi de la façon la plus certaine et la plus convaincante la vraie et seule situation du musicien vis-à-vis du poëte.

Ses productions les plus importantes et les plus décisives pour la musique appartiennent incontestablement au genre de l’opéra, de l’opéra sur la formation duquel il ne songea pas le moins du monde à agir ; de l’opéra où il ne montra précisément que ses facultés purement musicales, mais où en revanche il développa fidèlement et sans réserve l’intention poétique, quelle qu’elle fût, et ses facultés poétiques à un tel degré de plénitude que dans aucune de ses compositions ni même dans ses œuvres instrumentales, il n’a poussé aussi loin l’art musical.

La grande et noble simplicité de son instinct purement musical, de son sentiment inné de l’essence de son art, lui permettait de produire, comme compositeur, des effets ravissants et enivrants, quand le poëme était plat et insignifiant. Il connaissait bien moins encore, lui le mieux doué de tous les musiciens, l’art de nos musiciens modernes de construire