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péra, c’est une erreur qui, pour être bien jugée, a besoin d’être placée à côté de cette autre erreur qui consiste à attribuer à Mendelssohn de la naïveté. Ce dernier, tout au contraire, se défiant de ses propres forces, ne s’approcha de l’opéra que peu à peu et avec une sorte d’hésitation craintive. L’artiste naïf et véritablement inspiré agit autrement et se plonge dans son œuvre avec insouciance et enthousiasme, et ce n’est que lorsque cette œuvre est terminée, lorsqu’elle se présente à lui réalisée, qu’il tire de ses expériences la force de la réflexion qui, sans doute, le préserve des illusions. Mais lorsque l’enthousiasme le pousse de nouveau vers l’accomplissement d’une œuvre d’art, cette expérience perd de nouveau tout pouvoir sur lui.

Rien ne caractérise mieux la carrière de Mozart comme compositeur d’opéras que son indifférence dans le choix de son sujet. II songeait si peu k méditer les principes esthétiques sur lesquels se fonde l’opéra, qu’il n’éprouvait pas le moindre embarras à composer sur n’importe quel texte d’opéra, sans se soucier si ce texte était fécond pour lui, musicien. Si nous groupons toutes ses observations esthétiques, nous trouverons que ses réflexions ne le