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aider ; Et il ne rencontra pas ce poëte. Un faiseur de livrets d’opéras, tantôt pédantesqiie et ennuyeux, tantôt frivole et léger, lui présentait des sujets d’airs, de duos et de morceaux d’ensemble qu’il mettait ensuite en musique suivant le degré de chaleur qu’ils éveillaient en lui et de façon à leur donner une expression aussi exacte que le comportait leur texte.

Mozart avait ainsi mis en évidence cette inépuisable faculté de la musique, de répondre pleinement à toutes les exigences du poëte. Malgré sa manière si peu réfléchie de procéder, le brillant musicien, par la vérité de l’expression dramatique, par l’infinie variété de ses motifs, révéla le don de la musique bien mieux que Gluck et ses successeurs. Mais son œuvre fut si loin de présenter quelque chose qui ressemblât à un principe, que toutes les puissantes manifestations de son génie avaient laissé entièrement intact l’échafaudage formel de l’opéra ; il s’était contenté de verser dans les formes de l’opéra le torrent de feu de sa musique ; mais ces formes étaient trop faibles pour retenir le torrent ; il s’en échappa pour se diriger là où il pouvait s’étendre librement et sans entraves, jusqu’à ce que nous