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le retrouvions dans les symphonies de Beethoven, devenu alors une mer immense.

Tandis que dans la musique purement instrumentale les facultés propres de la musique acquéraient une puissance illimitée, les formes de l’opéra, semblables à des murailles calcinées, restèrent nues et glaciales dans leur vieil aspect, attendant l’hôte nouveau qui dût établir en elles son domicile passager. L’importance de Mozart est très-considérable dans l’histoire de la musique en général, mais elle est moindre dans l’opéra, considéré en lui-même comme un genre artistique spécial. L’opéra qui, dans sa forme antinaturelle, n’était lié à aucune loi nécessaire à son existence, pouvait devenir la proie du premier aventurier musical venu.

Nous pouvons, sans inconvénient, laisser de côté l’aspect fort peu agréable que présentent les créations artistiques des prétendus successeurs de Mozart. Un nombre assez grand de compositeurs s’imagina que l’opéra de Mozart pouvait être imité par la forme : ils ne virent pas que cette forme n’était rien, et que le génie musical de Mozart avait tout fait. Personne, en effet, n’a encore réussi à