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l’opéra, que bientôt ces rênes durent lui échapper des mains.

Dans Guillaume Tell, le poëte avait encore les rênes en mains, parce que, de même qu’Auber, Rossini ne songeait qu’à se ménager dans le char superbe de l’opéra ses aises musicales, ne se souciant guère de savoir comment et où le cocher le dirigeait. Mais Meyerbeer, auquel cette opulente aisance mélodique ne convenait pas, arracha les rênes des mains du cocher, afin d’exciter, par les zigzags de la course, l’attention qu’il ne réussissait pas à appeler sur lui quand sa seule personnalité musicale était assise dans le char[1].

Nous savons par quelques anecdotes isolées à quelles affreuses tortures Meyerbeer condamnait son collaborateur Scribe quand il s’agissait d’élaborer un poëme d’opéra. Lors même que nous ne voudrions tenir aucun compte de ces anecdotes et si nous ne savions rien des pourparlers mystérieux de

  1. Le lecteur a bien souvent l’occasion de remarquer combien M. Wagner aime les images. Cette fois-ci son « char » s’est embourbé, et ce n’est pas sans difficulté que cocher, maître et carrosse sortent de l’ornière habituelle où je suis condamné à les voir barboter.
    (Note du traducteur.)