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Scribe et de Meyerbeer, nous pourrions cependant encore, à l’aide des poëmes eux-mêmes, voir clairement quelle contrainte dut peser sur Scribe, — si expert d’ordinaire et si facile au travail, — quand il composait pour Meyerbeer les textes baroques que nous connaissons.

Tout en continuant à faire pour d’autres compositeurs des poëmes dramatiques faciles, coulants, souvent intéressants, toujours exécutés avec une grande dextérité naturelle, livrets ayant du moins pour base une action déterminée, renfermant des situations en rapport avec cette action et d’une compréhension facile, cepoëtesi merveilleusement rompu au métier écrivait pour Meyerbeer avec l’emphase la plus insupportable, le galimatias le plus contourné, des actions sans intrigue, des situations confuses et insensées, des caractères ridicules et grotesques. Or, pareille chose ne pouvait être naturelle ; un esprit aussi froid que celui de Scribe ne se livre pas si facilement aux expérimentations de l’extravagance. Scribe avait dû subir quelque contrainte, et son goût quelque altération pour produire un Robert le diable. Ne fallait-il pas qu’il fût dépouillé de tout sens un peu sain de l’action drama-