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tique pour devenir dans les Huguenots un compilateur de nuances et de contrastes décoratifs ? Ne fallait-il pas qu’il fût violemment entraîné et condamné au mensonge historique pour se décider à se faire « le prophète » des flibustiers ?

Nous retrouvons ici la même influence du compositeur sur le poëte, que Weber exerçait sur celui d’Euryanthe. Mais combien les motifs sont différents ! Weber voulait un drame qui put se confondre avec toutes ses nuances scéniques, dans une mélodie noble et large. Meyerbeer, au contraire, ne demandait qu’un pot-pourri dramatique monstrueusement mélangé, mi-historique et mi-romantique, diabolique et religieux, dévot et libertin, frivole et sacré, mystérieux et impudent, sentimental et faussement dramatique, afin d’y trouver matière à une musique extraordinairement curieuse, laquelle pourtant ne lui réussissait jamais entièrement à cause de l’invincible roideur de son naturel. Il comprenait qu’avec toutes les ressources des efi’ets musicaux, on pouvait arriver à quelque chose qui n’avait jamais existé si ces matériaux ramassés dans tous les coins étaient réunis dans un ensemble confus, mêlés de poudre et de colophane, et lancés dans l’air avec