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quoiqu’il ne traduise pas exactement notre sentiment. Si donc, nous voulons désigner avec précision ce que nous entendons, nous sommes obligés de traduire notre mot par « effet sans cause. »

Oui, la musique de Meyerbeer produit, sur ceux qui y trouvent du plaisir, un effet sans cause. Ce miracle n’était possible qu’à « la musique extérieure », c’est-à-dire à une faculté d’expression qui, dans l’opéra, a cherché de tout temps à se rendre indépendante de tout sujet digne d’être exprimé. Cette musique a manifesté son entière indépendance en rabaissant l’objet de l’expression qui, cependant, devait seule la faire vivre et la justifier. Elle a rabaissé cette expression jusqu’à la nullité morale et artistique, si bien que le sujet ne pouvait trouver son existence, sa mesure et sa justification que dans un cas d’arbitraire musical, dépourvu de toute expression nouvelle. Cet acte, à son tour, n’était réalisable que s’il se reliait à d’autres situations d’un effet absolu. Dans la musique instrumentale, dans le sens le plus étendu du mot, on faisait appel, pour se justifier, à la puissance, à l’imagination, laquelle s’appuyait sur un programme ou même sur un titre pris en dehors de la musique : mais dans l’opéra on