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reille qu’on s’en servit jusqu’à l’excès, et, à force d’être usés, ils provoquèrent, en peu de temps, un tel dégoût que, souvent ils parurent tout-à-coup insupportables ou ridicules.

Pour les musiciens qui ne songeaient qu’à composer de la musique pour l’agrément public, rien n’était plus important que de paraître aussi neufs et aussi étonnants que possible dans les traits de l’expression mélodique absolue que nous venons de caractériser. L’aliment de ces nouveautés ne pouvait pas être emprunté aux phénomènes changeants de la vie, mais bien au domaine musical lui-même. Les musiciens trouvèrent alors une mine à exploiter dans celles des œuvres de Beethoven que nous avons appelées des esquisses pour ses grands tableaux. On y voyait un artiste préoccupé de trouver une nouvelle langue musicale, effort qui se manifestait de toute manière par des traits quelquefois convulsifs, que l’auditeur intelligent devait juger singuliers, originaux, bizarres, et, en tout cas, entièrement neufs. Les changements brusques, les entre-croisements rapides et violents, et surtout la simultanéité, la confusion des accents de douleur et de joie, de ravissement et d’horreur, toutes choses que le maître