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tentatives inconscientes de créer une langue à son gré, de telle sorte, que ces essais doivent souvent être considérés comme des esquisses pour un tableau dont le maître aurait arrêté le sujet, sans en concevoir une ordonnance intelligible[1]. Mais il ne pouvait exécuter le tableau avant d’en harmoniser le sujet avec ses moyens d’expression, c’est-à-dire avant de l’avoir conçu dans son sens général, d’en avoir rélégué ce qui est individuel dans les couleurs particulières à la musique. Si ces tableaux, dans lesquels Beethoven s’était exprimé avec une clarté bienfaisante, avaient pu parvenir au monde véritablement achevés, l’effet de confusion et d’erreur produit par le malentendu que le peintre a répandu sur son œuvre eût été incontestablement atténué. Mais l’expression musicale, dépourvue de ses conditions propres s’était déjà, sous l’empire de la nécessité, soumise à la fantaisie de la mode et, par suite, à toutes ses nécessités. Certains traits mélodiques, harmoniques ou rhythmiques séduisaient tant l’o-

  1. Ainsi, d’après M. Wagner, Beethoven n’aurait obéi qu’à son instinct, sans vouloir, sans savoir ce qu’il faisait. Pourquoi ne pas dire simplement qu’il n’obéissait qu’à son génie, et sans prévoir l’esthétique de M. Wagner ?
    (Note du traducteur.)