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comme les bienfaiteurs de l’humanité actuelle, Berlioz mérite d’être considéré comme le vrai rédempteur de notre monde musical ; car, grâce à lui, les musiciens peuvent, par l’emploi extraordinairement varié de simples moyens mécaniques, produire des effets étonnants avec la matière la moins artistique et la plus vide de la musique [1].

Berlioz, au début de sa carrière musicale, ne fut certes pas attiré par la gloire d’un simple mécanicien ; une inspiration véritablement artistique vivait en lui, et cette inspiration avait un caractère brûlant. Mais, pour répondre à cette impulsion, il en arriva, par le côté malsain et anti-naturel dont nous avons parlé, jusqu’au point de s’abîmer comme artiste, dans la mécanique, de s’engloutir, lui, le rêveur surnaturel et fantastique, dans un matérialisme dévorant. Ce résultat fait de lui non-seulement un exemple et un avertissement, mais aussi une figure d’autant plus à plaindre qu’aujourd’hui encore il est consumé par des aspirations véritable-

  1. Tout ce bel éloge aboutit à ceci : Berlioz est un admirable mécanicien, procédant de Beethoven ; mais il n’y a pas de musique dans sa musique.
    (Note du traducteur.)