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l’irritation et le trouble, resta indécis. La critique qui, au fond, ne fait qu’écouter la voix du public pour se guider d’après elle, soit pour aider au succès, soit pour le combattre aveuglément, n’a jamais séparé nettement les éléments essentiellement distincts qui se côtoient dans cet ouvrage de la façon la plus contradictoire ; elle n’a jamais expliqué l’insuccès du compositeur par les efforts qu’il fit pour réunir ces éléments, pour en faire un tout harmonique. Depuis qu’il existe des opéras, il n’a jamais été composé d’ouvrage dans lequel les contradictions intimes du genre aient été plus logiquement poursuivies et plus clairement établies par un compositeur mieux doué, plus sensible et plus amoureux de la vérité et qui se soit plus noblement efforcé d’atteindre à la perfection.

Ces contradictions sont, au point de vue général, d’une part, la mélodie absolue, se suffisant entièrement à elle-même, et d’autre part, l’expression dramatique absolument vraie. Une des deux choses devait nécessairement être sacrifiée, la mélodie ou le drame. Rossini sacrifia le drame ; le noble Weber voulut le rétablir par la force d’une mélodie subs-