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et nous sommes obligé de l’être, nous devons reconnaître que les maîtres de l’art, qui ne sont plus, méritent seuls la gloire du martyre, car s’ils furent épris d’une erreur, cette erreur leur paraissait noble ; ils croyaient en elle sérieusement et saintement, ils lui firent volontiers le douloureux sacrifice de leur vie artistique. Il n’est plus un seul compositeur vivant et en activité de production qu’un besoin intérieur pousse à lutter pour un semblable martyre ; l’erreur est si claire, si bien démontrée, que personne n’a plus foi en elle[1].

L’art de l’opéra, que la foi n’inspire plus, s’est abaissé, chez les maîtres modernes, jusqu’à ne plus être qu’un objet de spéculation. On ne retrouve même pas chez eux le sourire aimable de Rossini ; partout, c’est le bâillement de l’ennui ou le grincement de la démence. Nous retrouvons du moins en elle le dernier souffle de cette erreur, de cette démence qui a déterminé jadis de si nobles sacrifices.

  1. Au temps où M. Wagner écrivait ce chapitre, ni Berlioz, ni Meyeerber, ni Rossini, ni Auber n’étaient morts.
    (Note du traducteur.)