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Quoique opposé à toute expérimentation esthétique, Beethoven, qui s’était assimilé sans en avoir conscience l’esprit de notre développement artistique, ne pouvait, en un certain sens, agir autrement que spéculativement. Il n’était nullement poussé à un travail involontaire par la pensée génératrice du poëte ; c’était lui, au contraire, qui, brûlant du désir de l’enfantement musical, cherchait le poëte.

Sa mélodie de la Joie elle-même ne paraît pas avoir été conçue pour quelques vers du poëte, mais en vue du poème de Schiller sous le coup de l’excitation produite par son sens général.

Lorsque Beethoven, dans le cours de la composition, arrive aux rapports dramatiques immédiats [1] c’est alors seulement que ses combinaisons mélodiques émergent d’une façon de plus en plus précise du poëme, de telle sorte que l’expression infiniment variée de sa musique répond au sens le plus élevé du poëme, du texte littéral d’une façon si directe et si exclusive, que subitement la musique nous sem-

  1. Pour me rendre complètement clair, je renvoie à : « Soyez enlacés, millions » et à la connexion de ce thème avec : « Joie, belle étincelle céleste ! »
    (Note de l’auteur.)