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ble inséparable du poëme. Et c’est là le point où nous voyons le résultat des recherches esthétiques sur l’organisme de la chanson populaire confirmé avec une éclatante clarté par un fait artistique. De même que la mélodie populaire vivante, est inséparable du poëme populaire vivant, et que, séparé de celui-ci, il est organiquement tué, de même l’organisme de la musique, n’est capable d’enfanter la mélodie vraie et vivante que s’il est fécondé par la pensée du poète. La musique enfante, le poëte engendre ; aussi la musique était-elle parvenue au sommet de la démence, lorsqu’elle ne voulait pas seulement enfanter, mais engendrer.

La musique est une femme.

La nature de la femme, c’est l’amour ; mais cet amour est celui qui conçoit et qui, dans la conception, se livre sans réserve.

La femme n’acquiert sa pleine individualité qu’au moment où elle se livre. Elle est l’ondine qui glisse inanimée à travers les vagues de son élément jusqu’à ce que l’amour d’un homme lui donne une âme. L’innocence dans l’œil de la femme, c’est le miroir limpide dans lequel l’homme ne reconnaît