Aller au contenu

Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol2, 1874.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 258 —

cette jouissance disparaîtrait ; car, dans l’amour, elle est nécessairement obligée de s’oublier et de se livrer à la jouissance d’un autre être, au risque de la douleur et même de la mort quelquefois. La coquette ne se garde de rien autant que de l’amour, afin de maintenir intacte la seule chose qu’elle aime, c’est-à-dire elle-même, c’est-à-dire encore l’être qui emprunte sa force séductrice et son individualité apprise à l’approche de l’homme auquel elle retient ainsi sa propriété. La coquette vit donc d’égoïsme, et la force de sa vie est dans sa froideur glaciale. La nature féminine métamorphosée en elle, il ne reste plus rien de la femme, et nous nous détournons de son froid sourire, qui ne nous renvoie que notre image grimaçante, pour revenir désespérés à la fille de joie italienne.

Mais il existe encore un type de femmes dénaturées, type qui nous remplit d’une horreur profonde : c’est la prude, dont nous reconnaissons les caractères dans la soi-disant musique allemande d’opéra[1].

  1. Par opéra allemand, je n’entends naturellement pas l’opéra de Weber, mais ce fait moderne dont on parle d’autant plus qu’il existe moins en réalité —