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semble de l’exécution ; mais cet équilibre, qui dissimule à l’auditeur prévenu les lacunes véritables, a le grave inconvénient de rendre presque toujours l’exécution intolérable, si on se contente de rectifier la mesure sans toucher au reste.

Je me permettrai de signaler encore un effet désastreux des habitudes contractées par nos chefs d’orchestre. On ne sait plus, dans nos orchestres, ce que c’est que la prolongation soutenue d’un forte. J’engage chacun de nos chefs à demander à n’importe lequel de ses instrumentistes un forte continu, uniforme ; il verra quelle surprise accueillera cette demande insolite, et quels exercices persévérants il faudra pour arriver, sous ce rapport, à de bons résultats.

Et cependant ce forte soutenu est la base de la puissance, aussi bien pour le chant que pour l’orchestre ; c’est le point de départ de toutes les modifications dont la variété détermine essentiellement le caractère de l’exécution. Sans cette base, un orchestre ne peut faire que beaucoup de bruit, et peu de besogne ; et c’est là une des premières manifestations de la faiblesse de nos exécutions orchestrales.