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C’est le regard de l’ange qui ne veut plus respirer l’air pur de la divine liberté dont vous êtes privés, vous qu’on lient enfermes dans le profond souterrain. Il prend une résolution enthousiaste, celle de renverser tous les obstacles qui vous séparent de la lumière du ciel. L’âme se dilate de plus en plus et toujours plus puissante par cette sublime résolution. C’est l’envoi du sauveur qui vient délivrer le monde. Cependant cet ange n’est qu’une femme aimante ; sa force est la faiblesse même de l’humanité souffrante ; elle combat les obstacles étrangers comme ses propres faiblesses et menace avant de succomber. Pourtant cette idée surhumaine illumine si bien l’âme qu’elle finit par lui communiquer une force surhumaine. Un puissant et suprême effort brise le dernier obstacle ; la pierre est chassée au loin ; la lumière du soleil pénètre en rayons lumineux dans le cachot. Liberté ! liberté ! s’écrie avec allégresse la libératrice ; liberté, divine liberté ! s’écrie le prisonnier.

Voilà l’Ouverture de Léonore telle que l’a composée Beethoven. Ici tout est animé d’un mouvement dramatique incessant et dominé par l’ardente pensée d’exécuter un plan inouï.