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à toute occasion de dépasser les limites de son art spécial, c’est-à-dire de sacrifier sa liberté. C’est de cette manière, aussi, que le musicien atteint le plus sûrement le but de l’ouverture, qui ne doit jamais être qu’un prologue idéal, et comme tel, nous transporter simplement dans ces sphères élevées où nous nous préparons au drame. Toutefois, nous ne voulons aucunement dire, par là, que l’idée du drame, musicalement conçue, ne doit pas être amenée à une expression et à une conclusion précises ; tout au contraire, l’ouverture, comme œuvre d’art musical, doit former un tout complet.

Dans ce sens, nous ne pouvons pas citer un modèle d’ouverture plus beau, plus parfait que celle de l’Iphigénie en Tauride de Gluck ; et c’est pourquoi nous essayons d’indiquer spécialement dans cette œuvre ce que nous croyons devoir considérer comme le meilleur procédé pour la conception d’une ouverture.

Ici, de nouveau, comme dans l’ouverture de Don Juan, c’est la lutte ou au moins l’opposition de deux éléments ennemis qui mouvementé la pièce. L’action même d’Iphigénie renferme ces deux éléments. L’armée des héros grecs est réunie en vue de