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Si nous établissons, en principe, que le développement d’éléments purement techniques dans l’ouverture doit concorder à ce point avec l’idée dramatique, que la conclusion musicale corresponde au dénouement de l’action scénique, on se demandera si les développements du drame, en ce qui concerne les rôles des principaux personnages, peuvent exercer une influence immédiate sur la conception de l’ouverture, et surtout sur l’originalité de sa conclusion. Certes, nous pourrions n’accorder cette influence que très conditionnellement, car nous trouverons qu’une conception, purement musicale, peut très-bien embrasser les idées principales d’un drame, mais non pas le sort individuel de chacun des personnages. Dans un certain sens le musicien procède comme le philosophe, qui ne saisit que l’idée même ; pour lui comme pour le poëte, la lutte des idées le préoccupe seule ; la fin tragique du héros considéré comme individu ne l’intéresse pas. Placé à ce point de vue, il néglige les faits particuliers, il triomphe quand le héros succombe.

Cette conception parfaite n’est nulle part mieux exprimée que dans l’ouverture d’Egmont, dont la phrase finale élève à sa plus haute puissance l’idée tragique du drame, et nous offre en même temps un