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morceau de musique complet de la plus entraînante vigueur. Je ne connais qu’une seule exception importante qui paraisse en complète opposition avec la manière de voir que je viens d’exposer, c’est l’ouverture de Coriolan. Mais si nous considérons de plus près cette œuvre puissamment tragique, nous verrons que l’idée dans laquelle on l’a conçue, bien que s’éloignant du sujet, s’explique par ce fait, que l’idée tragique repose ici entièrement sur le sort personnel du héros. Un orgueil indomptable, une nature dominante et présomptueuse, débordant de force, ne peut exciter notre compassion et notre sympathie que par sa chute ; nous la faire pressentir avec crainte, et non la faire voir avec effroi, fut l’œuvre incomparable du maître. Dans cette ouverture, comme dans celle de Léonore, Beethoven reste unique et inimitable.

Les leçons à tirer de créations d’une si haute originalité ne peuvent nous profiter que si nous les relions aux leçons que nous ont laissées d’autres grands maîtres. La triade : Gluck, Mozart, Beethoven, est l’étoile qui nous guidera toujours dans les sentiers ardus de l’art, car celui qui voudrait ne suivre qu’un seul de ces maîtres serait certain de se tromper et de