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au drame, est la mère de notre opéra ; elle est l’opéra lui-même. Et pendant qu’il se développait conformément à son principe, il devenait clair pour le poëte, utilisé comme auxiliaire pour ces divertissements musicaux, que son rôle consistait dans une forme poétique, qui devait uniquement se borner à fournir les mots réclamés par les besoins du chanteur et la forme musicale de l’ariette. La grande réputation de Métastase provenait de ce qu’il ne créait jamais le moindre embarras au musicien, qu’il ne lui montra jamais, au point de vue purement dramatique, d’exigences inaccoutumées, et se faisait le serviteur le plus humble et le plus dévoué des musiciens.

Ces rapports entre le poète et le musicien se sont-ils modifiés le moins du monde de nos jours ? Oui, si l’on considère ce qui, au point de vue musical, est appelé dramatique, mais aucunement en ce qui concerne ces rapports eux-mêmes. Aujourd’hui, comme il y a cent cinquante ans, le poète reçoit les inspirations du musicien, suit les fantaisies de la musique, se plie à l’humeur du musicien, choisit sa matière au gré du musicien et ses caractères suivant la voix du chanteur, créant les situations dra-