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Page:Charpentier - Un Don Juan dans la littérature japonaise, paru dans Le Figaro, 05 mai 1906.djvu/11

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Ce fut un peu avant l’aurore que Genji et sa maîtresse quittèrent la petite villa où s’était cachée jusqu’alors « Gloire du Matin ».

Le ciel blanchissait seulement. C’était la sérénité précédant la splendeur d’un beau jour. Tout le long du chemin, les paysans, déjà levés, se tenaient sur le seuil de leurs portes ouvertes. Ils attendaient, avec joie, l’heure de partir aux champs. Il y avait tant de paix et de bonheur dans cette nature, que Genji conçut presque un remords d’enlever cette frêle et jeune femme, de l’emporter vers l’inconnu, dont la perspective de fond, noire et triste, était sûrement qu’il l’abandonnerait un jour pour quelque autre jouet de son plaisir.

À un endroit, devant sa porte, un paysan priait tout haut Bouddha, maître des destinées. Et, dans cette prière, il se déclarait satisfait que le dieu eût mis sur les yeux des humains un bandeau qui leur voile l’avenir.