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Page:Charpentier - Un Don Juan dans la littérature japonaise, paru dans Le Figaro, 05 mai 1906.djvu/12

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La tranquillité de cet homme rendit Genji rêveur. Pour distraire sa pensée de toute image flottante du futur, il interrogea sa compagne sur certains détails de son passé. Pour toute réponse, et sans se tourner vers Genji, elle dirigea ses regards vers la lune blanchissante qui s’attardait là-bas à l’horizon, et elle récita cette strophe mélancolique :

Comme la lune vagabonde,
Je glisse à la cime des monts.
Qu’y a-t-il de vrai ou de faux
Dans notre amour ? Je ne le sais pas,
Car des nuages sont entre nous !

Ce voyage fut semblable à un triste exode.

Dans la nouvelle maison choisie par le prince, l’intendant, non prévenu, ne les attendait pas. Les domestiques, quoique levés, n’avaient préparé d’autre repas que le leur, rien que du riz ; en sorte que Genji et la dame durent se contenter de ce simple aliment, cuit pour les serviteurs.