Page:Charrière - Trois femmes, 1798.djvu/116

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Il y a aimer et aimer, Mademoiselle. Si le malheur n’étoit pas venu de m’avoir aimé, il auroit pu venir d’en aimer un autre. Cet aimer-là n’est pas rare, et je n’en puis faire beaucoup de cas. C’est vous, Mademoiselle, qu’elle aime véritablement : elle a toujours mis ses soins à vous servir, à vous plaire. Quant à me contenter moi, cela alloit comme il pouvoit. Si elle m’eut aimé tout de bon, auroit-elle eu tant de prévenances pour Mr. Lacroix ? Je lui ai dit plusieurs fois, Josephine laissez là votre François ; je ne m’accommode pas de ses manières avec vous. Quand je puise l’eau, et scie le bois, et trais la chêvre pour vous, cela doit vous suffire. S’il fait des pralines et des pâtés, qu’il les fasse sans vous ; et