plus commune et naturelle, est la verité où
tend sa queste et sa poursuitte. Il n’est desir
plus naturel que le desir de cognoistre la
verité. Nous essayons tous les moyens que
nous pensons y pouvoir servir : mais enfin
tous nos efforts sont courts ; car la verité
n’est pas un acquest, ny chose qui se laisse
prendre et manier, et encore moins posseder
à l’esprit humain. Elle loge dedans le sein de
Dieu, c’est là son giste et sa retraicte : l’homme
ne sçait et n’entend rien à droict, au pur et
au vray comme il faut, tournoyant tousjours,
et tastonnant à l’entour des apparences, qui se
trouvent par tout aussi bien au fauls qu’au
vray : nous sommes nais à quester
[1] la verité : la posseder appartient à une plus haute et grande puissance. Ce n’est pas à qui mettra
dedans, mais à qui fera de plus belles courses.
Quand il adviendroit que quelque verité
se rencontrast entre ses mains, ce seroit par
hasard ; il ne la sçauroit tenir, posseder ny
distinguer du mensonge. Les erreurs se reçoivent
en nostre ame par mesme voye et
conduicte que la verité ; l’esprit n’a pas de
quoy les distinguer et choisir : autant peust
faire le sot que le sage, celuy qui dict vray,
comme celuy qui dict fauls : les moyens qu’il
employe pour la descouvrir, sont raison et
experience, tous deux très foibles, incertains,
divers,
on-
- ↑ Nés pour chercher la vérité.