en la vie en mesme estat ; des objects qui sont
infinis, de l’air mesme et serenité du ciel :
Tales sunt hominum mentes, quali pater ipse
Juppiter, auctifera lustravit terras[1],
et de toutes choses externes ; internement,
des secousses et bransles que l’ame se donne
elle-mesme par son agitation, et meue par
ses propres passions ; aussi qu’elle regarde les
choses par divers visages, car tout ce qui est
au monde a divers lustres et diverses considerations.
C’est un pot à deux anses, disoit Epictete ;
il eust mieux dict à plusieurs.
Il advient de là qu’il s’empestre en sa besongne, comme les vers de soye [2], il s’embarrasse : car comme il pense remarquer de loin je ne sçay quelle apparence de clarté et verité imaginaire, et y veust courir, voyci tant de difficultez qui luy traversent la voye, tant de nouvelles questes l’esgarent et l’enyvrent.
Sa fin à laquelle il vise est double : l’une, plus
- ↑ « Les esprits des hommes sont une émanation de cette même lumière dont Jupiter éclaire la terre ». Lucret
- ↑ C'est ainsi qu'on lit dans la première édition, et dans celle de Bastien qui l'a suivie. On a mis dans celle de Frantin, les vers à soie. Pour moi, je n'ai pas osé rajeunir, ici ni ailleurs, le style de l'auteur ; et je l'aurais d'autant moins fait en cette occasion, qu'il me semble que Charron veut dire que l'homme s’empêtre en sa besogne, comme le vers s'empetre de soie.