son en pourroit dire
autant, et peust-estre plus justement et
constamment. Car l’homme, qui reçoit aussi souvent
des incommodités de là haut, et n’a rien de
tout cela en sa puissance ny en son intelligence,
et ne les peust deviner, est en perpetuelle
transse, fiebvre et crainte que ces corps
superieurs ne branslent pas bien à propos et à poinct
nommé pour luy, et qu’ils luy causent sterilité,
maladies, et toutes choses contraires ; tremble
soubs le fais : où les bestes reçoivent tout
ce qui vient d’en haut, sans allarme ny apprehension
de ce qui adviendra, et sans plainte
de ce qui est advenu, comme faict incessamment
l’homme :
Non nos causa mundo sumus hyemem æstatemque referendi : suas ista leges habent, quibus divina exercentur
nimis nos suspicimus, si digni nobis videmur,
propter quos tanta moveantur ; — non tanto cælo nobiscum societas est, ut nostro fato sit ille quoque
siderum fulgor
[1].
Pour le regard des choses basses, terrestres, sçavoir tous animaux, il les desdaigne et desestime
- ↑ « Nous ne sommes pas la cause pour laquelle l'hiver et l'été se succèdent chaque année ; ces saisons obéissent à des lois dans lesquelles la puissance divine s'exerce et se manifeste ; nous avons une trop haute opinion de nous-mêmes, et de notre dignité, si nous croyons que c'est pour nous que de si grands mouvemens se font dans le monde ; — il n'y a pas entre les astres et nous une si grande union, pour que les astres n'y brillent que pour notre avantage ». Sen. de Ira, L. II, C. 27. — Plin. Hist. Nat. L. II, C. 8.