vice est propre aux dogmatistes et à ceux qui veulent
gouverner et donner loy au monde. Or, pour
venir à bout de cecy et captiver les creances à
soy, ils usent de deux moyens. Par le premier
ils introduisent des propositions generalles et
fondamentales, qu’ils appellent principes et
presuppositions, desquelles ils enseignent n’estre
permis de doubter ou disputer, sur lesquelles
ils bastissent après tout ce qui leur
plaist, et meinent le monde à leur poste ; qui
est une piperie, par laquelle le monde se
remplist d’erreurs et de mensonges. Et de faict,
si l’on vient à examiner ces principes, l’on y
trouvera de la faulseté et de la foiblesse autant
ou plus qu’en tout ce qu’ils en veulent tirer
et despendre, et se trouvera tousjours autant
d’apparence aux propositions contraires.
Il y en a de nostre temps qui ont changé et renversé les principes et reigles des anciens en l’astrologie, en la medecine, en la geometrie, en la nature et mouvement des vents [1] Toute proposition humaine a autant d’authorité que l’autre, si la raison n’en faict la difference. La verité ne despend point de l’authorité ou tesmoignage d’homme : il n’y a point de principes aux hommes si la divinité ne les leur a re-
- ↑ On lit en marge de cette phrase, dans l'édition de 1604, Copernicus, Paracelsus ; ce qui prouve que c'est de Copernic et de Paracelse que Charron veut parler ici.
sécutions auquelles il ne cessa d'être en butte; dès qu'il eût publié son livre.