la senteur de certaines odeurs ; où ils rendent
la semence de couleur noire, où ils sont fort petits et nains, ou tous forts grands et geans, où ils vont tous nuds, où ils sont tous pelus et velus, où ils sont tous sans parole, vivans par les bois comme bestes, cachés dedans les cavernes et dedans les arbes.
Et de nostre temps nous avons descouvert et touché à l’œil et au doigt, où les hommes sont sans barbe,
sans usage de feu, de bled, de vin ; où est
tenue pour la plus grande beauté ce que nous
estimons la plus grande laideur, comme a esté
dict devant
[1]. Quant à la diversité des mœurs,
se dira ailleurs
[2]. Et sans parler de toutes ces
estrangetés, nous sçavons que, quant au visage,
il n’est possible trouver deux visages en
tout et par-tout semblables ; il peust advenir
de se mescompter et prendre l’un pour l’autre,
à cause de la ressemblance grande, mais
c’est en l’absence de l’un ; car en presence de
tous deux, il est aisé de remarquer la difference,
quand bien on ne la pourroit exprimer.
Aux ames y a bien plus grande difference ;
car non seulement elle est plus grande sans
comparaison d’homme à homme que de beste
[3]
à beste : mais (qui est bien encherir) il y a
plus grande difference
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DE LA SAGESSE,