d’homme à homme que d’homme à beste
[1] ; car un excellent animal est plus approchant de l’homme de la plus basse marche, que n’est cet homme d’un autre grand et excellent. Cette grande difference
des hommes vient des qualités internes, et de
la part de l’esprit, où y a tant de pieces, tant
de ressorts, que c’est chose infinie, et des
degrés sans nombre. Il nous faut ici, pour le
dernier, apprendre à cognoistre l’homme par
les distinctions et differences qui sont en luy :
or elles sont diverses, selon qu’il y a plusieurs
pieces en l’homme, plusieurs raisons et moyens
de les considerer et comparer. Nous en donnerons
icy cinq principales, ausquelles toutes
les autres se pourront rapporter, et generalement
tout ce qui est en l’homme, esprit,
corps, naturel, acquis, public, privé, apparent,
secret : et ainsi ceste cinquiesme et
derniere consideration de l’homme aura cinq
parties, qui seront cinq grandes et capitales
distinctions des hommes, savoir :
La premiere, naturelle et essentielle, et universelle de tout l’homme, esprit et corps.
La seconde, naturelle et essentielle principalement, et aucunement acquise, de la force et suffisance de l’esprit.
La tierce, accidentale, de l’estat, condition et devoir, tirée de la superiorité et inferiorité.
- ↑ Voyez Montaigne. L. I, chap. 42, initio.