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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/307

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sont subvertis, dict Aristote. Pourquoy ne sera-il loysible, mais pourquoy ne sera-il requis d’empescher et destourner tels maux, et sauver le public par les mesmes moyens que l’on veust le miner et ruyner ? Vouloir tousiours et avec telles gens suyvre la simplicité et le droict fil de la vraye raison et equité, ce seroit souvent trahyr l’estat et le perdre. Il faut aussi que ce soit avec mesure et discretion, affin que l’on n’en abuse pas, et que les meschans ne prennent d’icy occasion de faire passer et valoir leurs meschancetez. Car il n’est jamais permis de laisser la vertu et l’honneste pour suyvre le vice et le deshonneste. Il n’y a poinct de composition ou compensation entre ces deux extremitez. Parquoy arriere toute injustice, perfidie, trahison et desloyauté ; maudicte la doctrine de ceux qui enseignent (comme a esté dict) toutes choses bonnes et permises aux souverains : mais bien est-il quelquefois requis de mesler l’utile avec l’honneste, et entrer en composition et compensation des deux. Il ne faut jamais tourner le dos à l’honneste, mais bien quelquefois aller alentour et le costoyer, y employant l’artifice et la ruse, car il y en a de bonne, honneste et loüable, dict le grand Sainct Basile, (…), et faisant, pour le salut public, comme les meres et medecins