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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/10

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la precedente, car il y a moins de disparité. Mais il y a de l’obligation de nature, laquelle comme d’un costé elle noue et serre, de l’autre elle relasche : car, à cause des biens et partages et des affaires, il faut quelquesfois que les freres et parens se heurtent ; outre que souvent la correspondance et relation d’humeurs et volontez, qui est l’essence de l’amitié, ne s’y trouve pas ; c’est mon frere, mon parent ; mais il est meschant, sot. Ou elle est libre et volontaire, comme entre compagnons et amis, qui ne se touchent et tiennent de rien que de la seule amitié, et ceste est proprement et vrayement amitié. 2 la troisiesme espece touchant les personnes est mixte et comme composée des deux, dont elle est ou doibt estre plus forte ; c’est la conjugale des mariez, laquelle tient de l’amitié en droicte ligne, à cause de la superiorité du mary, et inferiorité de la femme, et de l’amitié collaterale, estant tous deux de compagnie parties joinctes ensemble et se costoyant. Dont la femme a esté tirée non de la teste, ny des pieds, mais du costé de l’homme. Aussi les mariez par-tout et alternativement exercent et monstrent toutes ces deux amitiez : en public, la droicte ; car la femme