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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/102

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et neantmoins nous voyons le contraire, comme a esté dict. Or la vraye raison et response à cela, c’est la mauvaise et sinistre façon d’estudier, et la mauvaise instruction. Ils prennent aux livres et aux escholes de très bonnes choses, mais de très mauvaises mains : dont il advient que ces biens ne leur profitent de rien, demeurent indigens et necessiteux au milieu des richesses et de l’abondance, et, comme Tantalus près de la viande, en meurent de faim : c’est qu’arrivant aux livres et aux escholes, ils ne regardent qu’ à garnir et remplir leur memoire de ce qu’ils lisent et entendent, et les voylà sçavans, et non à polir et former le jugement pour se rendre sages ; comme celuy qui mettroit le pain dedans sa poche, et non dedans son ventre, il auroit enfin sa poche pleine et mourroit de faim. Ainsi, avec la memoire bien pleine, ils demeurent sots : (…). Ils se preparent à estre rapporteurs : Ciceron a dict, Aristote, Platon a laissé par escrit, etc., et eux ne sçavent rien dire. Ils font deux fautes : l’une, qu’ils n’appliquent pas ce qu’ils apprennent à eux-mesmes, à se former à la vertu, sagesse, resolution ; et ainsi leur science leur est inutile : l’autre est