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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/103

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que, pendant ce long temps qu’ils employent avec grande peine et despense à amasser et empocher ce qu’ils peuvent desrober sur autruy inutilement pour eux, ils laissent chaumer leur propre bien et ne l’exercent. Les autres, qui n’estudient, n’ayant recours à autruy, advisent de cultiver leur naturel, s’en trouvent souvent mieux, plus sages et resolus, encore que moins sçavans, et moins gaignans, et moins glorieux. Quelqu’un a dict cecy un peu autrement et plus briefvement, que les lettres gastent les cerveaux et esprits foibles, parfont les forts et bons naturels. Or voyci la leçon et l’advis que je donne icy ; il ne faut pas s’amuser à retenir et garder les opinions et le sçavoir d’autruy, pour puis le rapporter et en faire monstre et parade à autruy, ou pour profict sordide et mercenaire ; mais il les faut faire nostres. Il ne faut pas les loger en nostre ame, mais les incorporer et transsubstantier. Il ne faut pas seulement en arrouser l’ame, mais il la faut teindre et la rendre essentiellement meilleure, sage, forte, bonne, courageuse : autrement de quoy sert d’estudier ? (…). Il ne faut