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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/115

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poinct à deux fois : tous deux font l’homme entier. Or il faut chasser de luy toute mollesse et delicatesse au vestir, coucher, boire, manger ; le nourrir grossierement à la peine et au travail ; l’accoustumer au chaud, au froid, au vent, voire aux hazards ; luy roidir et endurcir les muscles et les nerfs (aussi bien que l’ame) au labeur, et de là à la douleur, car le premier dispose au second, (…) ; bref, le rendre verd et vigoureux, indifferent aux viandes et au goust. Tout cecy sert non seulement à la santé, mais aux affaires et au service public. Venons au troisiesme chef, qui est des mœurs, ausquelles ont part et l’ame et le corps. Cecy est double : empescher les mauvaises, enter et cultiver les bonnes. Le premier est encore plus necessaire, et auquel faut apporter plus de soin et d’attention. Il faut donc, de très bonne heure, et ne sçauroit-on trop tost, empescher la naissance de toutes mauvaises mœurs et complexions, specialement ceux icy, qui sont à craindre en la jeunesse. Mentir, vice vilain et de valets, d’ame lasche et crainctifve ; et souvent la mauvaise et trop rude instruction en est cause. Une sotte honte et foiblesse, par laquelle ils se cachent, baissent la teste, rougissent à tous propos, ne