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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/120

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estincelles de vertu, bonté, habilité. Il y en a qui, coiffés et transportés au premier, ont peu de cestuy-ci ; et, n’ayant poinct plainct la despense tant que les enfans ont esté fort petits, la plaignent quand ils deviennent grands et profitent. Il semble qu’ils portent envie et sont despitez de ce qu’ils croissent, s’advancent et se font honnestes gens : peres brutaux et inhumains ! Or, selon ce second vray et paternel amour, en le bien reiglant, les parens doibvent recepvoir leurs enfans, s’ils en sont capables, à la societé et partage des biens, à l’intelligence, conseil, et traicté des affaires domestiques, et encore à la communication des desseins, opinions et pensées, voire consentir et contribuer à leurs honnestes esbats et passe-temps, selon que le cas le requiert, se reservant tousiours son rang et authorité. Parquoy nous condamnons ceste trongne austere, magistrale et imperieuse de ceux qui ne regardent jamais leurs enfans, ne leur parlent qu’avec authorité, ne veulent estre appellez peres, mais seigneurs, bien que Dieu ne refuse poinct ce nom de pere, ne se soucient d’estre aymez cordialement d’eux, mais craincts, redoubtez, adorez. Et à ces fins leur donnent chichement, et les tiennent en necessité, pour par là les contenir en craincte et obeyssance ; les menacent de leur faire petite part en leur disposition testamentaire. Or cecy est une sotte, vaine et ridicule farce : c’est se deffier de son authorité pr