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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/141

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et magnifique à un prince de prendre les armes pour venger tout un peuple injustement opprimé, et le delivrer de la tyrannie, comme fit Hercules, et depuis Dion, Timoleon, et Tamerlan prince des tartares, qui deffit Bajazet, turc, assiegeant Constantinople. Ce sont les debvoirs des subjects envers leurs souverains vivans ; mais c’est acte de justice après leur mort d’examiner leur vie. C’est une usance juste, très utile, qui apporte de grandes commoditez aux nations où elle s’observe, et qui est desirable à tous bons princes, qui ont à se plaindre de ce qu’on traicte la memoire des meschans comme la leur. Les souverains sont compagnons, sinon maistres des loix ; ce que la justice n’a peu sur leurs testes, c’est raison qu’elle l’ait sur leur reputation et sur les biens de leurs successeurs. Nous debvons la subjection et obeyssance egalement à tous roys, car elle regarde leur office ; mais l’estimation et affection, nous ne la debvons qu’ à leur vertu. Souffrons-les patiemment tels et indignes qu’ils sont ; celons leurs vices, car leur authorité