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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/145

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Les magistrats sont personnes mixtes et mitoyennes entre le souverain et les particuliers, dont il faut qu’ils sçachent commander et obeyr, qu’ils sçachent obeyr au souverain, ployer soubs la puissance des magistrats superieurs à soy, honorer leurs egaux, commander aux subjects, deffendre les petits, faire teste aux grands, et justice à tous : dont a esté bien dict à propos, que le magistrat descouvre la personne, ayant à jouer en public tant de personnages. Pour le regard de son souverain, le magistrat, selon la diversité des mandemens, doibt diversement se gouverner, ou promptement, ou nullement obeyr, ou surseoir l’obeyssance. 1 aux mandemens qui luy attribuent cognoissance, comme sont toutes lettres de justice, et toutes autres où y a ceste clause equivalente (s’il vous appert), ou bien qui, sans attribution de cognoissance, sont de soy justes ou indifferentes, il doibt obeyr, et luy est aisé de s’en acquitter sans scrupule. 2 aux mandemens qui ne luy attribuent aucune cognoissance, mais seulement l’execution, comme sont lettres de mandement, s’ils sont contre le droict et la justice civile, et qu’il y aye clause derogatoire, il doibt simplement obeyr : car le souverain