Aller au contenu

Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

De ceste parfaicte amitié et communion, nous avons quelques exemples en l’antiquité. Blosius prins comme très grand amy de Tyberius Gracchus jà condamné, et interrogé ce qu’il eust faict pour luy, ayant respondu toutes choses, il luy fust demandé, comment s’il t’eust prié de mettre le feu aux temples, l’eusses-tu faict ? Il respondist que jamais Gracchus n’eust eu telle volonté, mais que, quand il l’eust euë, il y eust obey ; très hardie et dangereuse response. Il pouvoit dire hardiment que Gracchus n’eust jamais eu ceste volonté, c’estoit à luy à en respondre ; car, comme porte nostre description, l’amy parfaict non seulement sçait et cognoist pleinement la volonté de son amy, et cela suffit pour en respondre ; mais il la tient en sa manche, et la possede entierement. Et ce qu’il adjouste que, si Gracchus l’eust voulu, il l’eust faict, ce n’est rien dict, cela n’altere ny n’empire poinct sa premiere response, qui est de l’asseurance de la volonté de Gracchus. Cecy est des volontez et jugemens : 2 voyons des biens. Ils estoient trois amis (ce mot trois heurte nos reigles, et faict penser que ce n’estoit encore une amitié du tout parfaicte), deux riches, et un pauvre chargé d’une mere vieille et d’une fille à marier ; cestuy-ci mourant faict son testament, par lequel il legue