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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/165

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en leurs causes, ce qui se fera en ce chapitre ; puis en leurs effects ; finalement en eux-mesmes, distinctement et particulierement chascune espece d’iceux ; et par-tout fournirons advis et moyens de s’affermir par vertu contre iceux. Les causes des maux et fascheux accidens qui arrivent à un chascun de nous sont ou publicques et generalles, quand en mesme temps elles touchent plusieurs, comme peste, famine, guerre, tyrannie ; et ces maux sont pour la pluspart fleaux envoyez de Dieu et du ciel ; au moins la cause propre et prochaine n’est pas aisée à cognoistre : ou particulieres et cogneues ; sçavoir, par le faict d’autruy. Ainsi l’on faict deux sortes de maux, publics et privez. Or les maux publics, c’est-à-dire venant de cause publicque, encore qu’ils touchent un chascun en particulier, sont en divers sens et plus et moins griefs, poisans et dangereux, que les privez, qui ont leur cause cogneuë. Ils le sont plus ; car ils viennent à la foule, assaillent plus impetueusement, avec plus de bruict, de tempeste et de furie, ont plus grande suitte et traisnée, sont plus esclatans, produisent plus de desordre et confusion. Ils le sont moins ; car la generalité et communauté semble rendre à chascun son mal moindre : c’est espece de soulas de n’estre seul en peine ; l’on pense que c’est plustost malheur commun, ou le cours du monde, et que la cause en est naturelle, qu’affliction personnelle. Et de faict ceux que l’homme nous faict