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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/166

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picquent plus fort, navrent au vif, et nous alterent beaucoup plus. Toutes les deux sortes ont leurs remedes et consolations. Contre les maux publics, il faut considerer de qui et par qui ils sont envoyez, et regarder à leur cause. C’est Dieu, sa providence, de laquelle vient et despend une necessité absolue qui gouverne et mesprise tout, à laquelle tout est subject. Ce ne sont pas, à vray dire, deux loix distinctes en essence, que la providence et la destinée, ou necessité ; (…) ne sont qu’une. La diversité est seulement en la consideration et raison differente. Or gronder et se tourmenter au contraire, c’est premierement impieté telle, qu’elle ne se trouve poinct ailleurs ; car toutes choses obeyssent doucement, l’homme seul faict l’enragé. Et puis c’est folie, car c’est en vain, et sans rien advancer. Si l’on ne veust suyvre ceste souveraine et absolue maistresse de gré à gré, elle entraisnera et emportera tout par force. (…).