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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/182

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Or sus donc si la douleur est mediocre, la patience sera facile ; si elle est grande, la gloire le sera aussi ; si elle semble trop dure, accusons nostre mollesse et lascheté ; si peu y en a qui la puissent souffrir, soyons de ce peu. N’accusons nature de nous avoir faict trop foibles, car il n’en est rien : mais nous sommes trop delicats. Si nous la fuyons, elle nous suyvra ; si nous nous rendons à elle laschement, et nous laissons vaincre, nous n’en serons traictez que plus rudement, et le reproche nous en demeurera. Elle nous veust faire peur, tenons bon, et qu’elle nous trouve plus resolus qu’elle ne pense. Nostre tendreur luy apporte ceste aigreur et dureté. (…). Mais affin que l’on ne pense pas que ce soyent de beaux mots de theorique, mais que la practique en est impossible, nous avons les exemples tant frequens et tant riches, non seulement d’hommes, mais de femmes et enfans, qui non seulement ont soustenu de longues et douloureuses maladies avec tant de constance, que la douleur leur a plustost emporté la vie que le courage, mais qui ont attendu, ont supporté avec gayeté, voire ont cherché les grandes douleurs