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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/211

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pouvons rien faire à propos : la raison, lors empestrée des passions, ne nous sert non plus que les aisles aux oyseaux engluez par les pieds. Parquoy il faut recourir à nos amis, et meurir nos choleres entre leurs discours. 4 aussi la diversion à toute chose plaisante, à la musique. Le troisiesme chef est aux belles considerations, desquelles doibt estre abreuvé et teinct nostre esprit de longue main. Premierement des actions et mouvemens de ceux qui sont en cholere, qui nous doibvent faire horreur, tant elles sont messeantes : c’est l’expedient que donnent les sages pour nous en destourner, conseillant de se regarder au miroir. Secondement et au contraire de la beauté qui est en la moderation, songeons combien la douceur et la clemence ont de grace, comme elles sont agreables aux autres et utiles à nous-mesmes : c’est l’aymant qui tire à nous le cœur et la volonté des hommes. Cecy est principalement requis en ceux que la fortune a colloquez en haut degré d’honneur, qui doibvent avoir les mouvemens plus remis et temperez : car comme les actions sont plus d’importance, aussi leurs fautes sont plus difficiles à reparer. Finalement y a l’estime