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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/212

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et l’amour que nous debvons porter à la sagesse que nous estudions icy, laquelle se monstre principalement à se retenir et se commander, demeurer constante et invincible : il faut elever son ame de terre, et la conduire à une disposition semblable à ceste plus haute partie de l’air qui n’est jamais offusquée de nuées ny agitée de tonnerres, mais en une serenité perpetuelle : ainsi nostre ame ne doibt estre obscurcie par la tristesse, ny esmeue par la cholere, et fuyr toute precipitation, imiter le plus haut des planetes, qui va le plus lentement de tous. Or tout cecy s’entend de la cholere interne, couverte, qui dure, joincte avec mauvaise affection, hayne, desir de vengeance, (…). Car ceste externe et ouverte est courte, un feu de paille, sans mauvaise affection, qui est pour faire ressentir à autruy sa faute, soit aux inferieurs par reprehensions et reprimandes, ou autres pour leur remonstrer le tort et indiscretion qu’ils ont ; c’est chose utile et necessaire, et bien loüable.