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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/213

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Il est bon et utile, et pour soy et pour autruy, de quelquesfois se courroucer ; mais que ce soit avec moderation et reigle. Il y en a qui retiennent leur cholere au dedans, affin qu’elle ne se produise, et qu’ils apparoissent sages et moderez ; mais ils se rongent au dedans, et se font un effort qui leur couste plus que ne vaut tout. Il vaudroit mieux se courroucer et esventer un peu ce feu au dehors, affin qu’il ne fust si ardent, et ne donnast tant de peine au dedans. On incorpore la cholere en la cachant. Il vaut mieux que sa poincte agisse un peu au dehors que la replier contre soy : (…). Aussi contre ceux qui n’entendent ou ne se laissent gueres meiner par raison, comme le genre de valets, et qui ne font que par craincte, faut que la cholere y supplée, vraye ou simulée, sans laquelle souvent n’y auroit reiglement en la famille. Mais que ce soit avec ces conditions : 1 non souvent et à tous propos ; 2 ny pour choses legeres, car estant ordinaire viendroit à mespris, et n’auroit poids ny effect ; 3 non en l’air et à coup perdu, grondant et criaillant en absence, mais qu’elle arrive et frappe celuy