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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/235

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son honneur, sa santé, son loysir, son debvoir, ses fonctions. Le tiers, que soit avec moderation, ne les prendre trop à cœur, non plus qu’ à contre-cœur, ne les courir ny fuyr ; mais les recepvoir et prendre comme on faict le miel, avec le bout du doigt, non en pleine main, non s’y engager par trop, ny en faire son propre faict et principal affaire ; moins s’y enyvrer et perdre : ce doibt estre l’accessoire, une recreation pour mieux se remettre, comme le sommeil qui nous renforce, et nous donne haleine pour retourner plus gayement à l’œuvre. Bref en user, et non jouyr. Mais sur-tout se faut garder de leur trahison : car il y en a qui se donnent trop cherement, nous rendent plus de mal et desplaisir : mais c’est traistreusement ; car elles marchent devant pour nous amuser et tromper, et nous cachent leurs suittes cruelles, nous chatouillent, et nous embrassent pour nous estrangler. Le plaisir de boire va devant le mal de teste ; tels sont les plaisirs et voluptez de l’indiscrette et bouillante jeunesse, qui enyvrent. Nous nous plongeons