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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/250

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dessoubs la vertu, et communes aux bons et meschans, comme sont les arts et sciences : (…) : les inventions, l’industrie, la vaillance militaire. L’autre est pour demeurer en la bienveillance d’autruy. Les sages enseignent de ne reigler poinct ses actions par l’opinion d’autruy, sauf pour esviter les incommoditez qui pourroient advenir de leur mespris de l’approbation et jugement d’autruy. Mais au faict de la vertu, et de bien faire pour la gloire, comme si c’en estoit le salaire, c’est une opinion faulse et vaine. Ce seroit chose bien piteuse et chetifve que la vertu, si elle tiroit sa recommandation et son prix de l’opinion d’autruy : c’est une trop foible monnoye et de trop bas alloy pour elle ; elle est trop noble pour aller mendier une telle recompense : il faut affermir son ame, et de façon telle composer ses affections, que la lueur des honneurs n’esblouysse poinct nostre raison, et munir de belles resolutions son esprit, qui luy servent de barrieres contre les assauts de l’ambition. Il se faut donc persuader que la vertu ne cherche poinct un plus ample ny plus riche theatre pour se