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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/255

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ehemence et contention, il sembleroit qu’il y auroit de la passion ; non artificiel ny affecté ; non desbauché et dereiglé, ny licencieux. Serieux et utile, non vain et inutile : il ne faut pas s’amuser à conter ce qui se faict en la place ou au theatre, ny à dire sornettes et risées ; cela tient trop du bouffon, et monstre un trop grand et inutile loysir : (…). Il n’est pas bon aussi de conter beaucoup de ses actions et fortunes ; les autres ne prennent pas tant de plaisir à les ouyr que nous à les conter. Mais sur-tout non jamais offensif, la parole est l’instrument et le courretier de la charité ; en user contre elle, c’est en abuser contre l’intention de nature. Toute sorte de mesdisance, detraction, mocquerie, est très indigne de l’homme sage et d’honneur. Facile et doux, non espineux, difficile et ennuyeux : il faut esviter en propos communs les questions subtiles et aiguës, qui ressemblent aux escrevisses, où y a plus à esplucher qu’ à manger ; la fin n’est que cris et contention. Ferme, nerveux et genereux, non mol, lasche et languissant ; et par ainsi faut esviter le parler des pedans, plaideurs, et des filles. à ce poinct de temperance appartient celuy de garder fidellement le secret (dont a esté parlé en la foy), non