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Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/49

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fronteurs. Il faut user de diligence en tout cas. Il y a donc icy cinq manieres de proceder, dont les trois sont reprouvées : refuser et tard, c’est double injure : refuser tost et donner tard, sont presque tout un : et y en a qui s’offenseroient moins de prompt refus : (…). C’est donc le bon de donner tost ; mais l’excellent est d’anticiper la demande, deviner la necessité et le desir. Sans esperance de reddition, c’est où gist principalement la force et vertu du bienfaict : si c’est vertu, elle n’est poinct mercenaire : (…). Le bienfaict est moins richement assigné, où y a retrogradation et reflexion : mais quand il n’y a poinct de lieu de revanche, voire l’on ne sçait d’où vient le bien, là le bienfaict est justement en son lustre. Si l’on regarde à la pareille, l’on donnera tard, et à peu. Or il vaut beaucoup mieux renoncer à toute pareille, que laisser à bien faire et meriter : cherchant ce payement estranger et accidental, l’on se prive du naturel et vray, qui est la joye, et gratification interne d’avoir bien faict. Aussi ne faut-il estre prié deux fois d’une mesme chose : faire injure est de soy vilain et